La commune de Saint Mathieu de Tréviers possède un riche patrimoine historique et archéologique : plusieurs sites du néolithique, dont le fameux « château » du Lébous, trois cimetières Wisigoth, des vestiges romains, et surtout l’emblématique château de Montferrand établi à partir du 11e siècle.
Un parcours du patrimoine vous mènera à la rencontre des lieux emblématiques de la commune, sur une période de grands progrès allant du milieu du XIXe siècle au dernier quart du XXe.
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Dès la fin des années trente, suite à une nouvelle période de mévente du vin, l’idée de doter Saint-Mathieu-de-Tréviers d’une cave coopérative est mise à l’étude. Le but est de permettre aux viticulteurs locaux et à ceux des communes voisines de se regrouper pour pouvoir faire face aux différents défis de leur profession : commodité et qualité de la vinification, conservation du vin, facilités de vente… Bâtie au milieu des vignes, la cave « Les Coteaux de Montferrand » est finalement inaugurée en 1950. L’année 1993 voit les débuts de l’alliance entre les caves de Saint-Mathieu-de-Tréviers, Notre-Dame de Londres et Valflaunès sous le nom « Les Coteaux du Pic ». Pour la partie commerciale, une structure appelée « Vignobles des 3 Châteaux » se crée en 2012. Le site se dote en 2021 d’un nouvel espace de vente et de réception qui prend la relève de l’ancien caveau créé en 1980.
Le bureau de poste, bâti au bord de la D17, est inauguré le 1er mai 1900. Il remplace celui qui existait jusque-là à Saint-Mathieu (village du haut). On y assure les services du courrier et du télégramme, puis, à partir des années trente, la mise en service du téléphone. A cette époque, un meuble de téléphonie distribue les appels vers une cinquantaine de numéros essentiellement détenus par les artisans, commerçants et grands propriétaires de la commune. Equipé d’un coffre-fort, le bureau de poste fait également office d’établissement bancaire. Dans les années soixante, il devient « centre de distribution motorisé » et traite le courrier de dix-huit communes. En 1981, les locaux s’avérant trop exigus, La Poste est transférée dans le bâtiment de la nouvelle mairie, puis, en 2019, dans l’ensemble « Le Carré ».
Au début du vingtième siècle, la maison Montel est un « café-relais » où les voyageurs installent pour la nuit chevaux et diligences dans la grande remise, avant de rejoindre chambres et cuisine à l’étage. Le patron, Auguste Montel, tenant les rênes de sa propre diligence, effectue quotidiennement le trajet aller-retour vers Montpellier. Quelques années plus tard, progrès oblige, Auguste s’équipe du premier autobus de la commune : un De Dion Bouton vert. Après la fin de la deuxième Guerre mondiale, Joseph Jaoul, son gendre, reprend l’activité et lance les « Transports Jaoul », entreprise qui va se développer au fil des années, assurant transports scolaires et excursions.
Le quartier de la Fabrerie (des forgerons) fait figure de noyau du village de Tréviers. Ses maisons anciennes, dont certaines vieilles de plusieurs siècles, sont bâties au bord du Terrieu dont elles ont toujours subi les colères dévastatrices. Car malgré ses airs de ruisseau tranquille, le Terrieu, gonflé par les orages, n’hésite pas à sortir violemment de son lit, la plus célèbre de ces inondations destructrices étant celle de 1933. A la Fabrerie, on trouvait autrefois une petite épicerie tenue par Emma Mialhe. Cette dernière, à sa mort, lèguera sa maison à la commune qui la transformera en résidence d’artistes, la « Maison d’Emma ». Il y avait également le Café-Restaurant du Pont, de la famille Mercier, qui à partir de l’entre-deux-guerres devint un lieu animé en permanence où apéritifs, réveillons et banquets de noces se succédaient toute l’année.
Aujourd’hui située au centre de l’ensemble de logements, la fontaine romaine a désaltéré tous ceux qui au cours des siècles ont transité par le secteur, puis alimenté en eau les villageois des alentours. Jusqu’à la seconde Guerre mondiale, un moulin à vent, dont on peut encore voir le socle, en puisait l’eau qui était acheminée dans des cuves sous le parvis de l’église de Pourols, puis distribuée dans le village. Sur le Clarensac, ruisseau bénéficiant de résurgences des nappes phréatiques, les anciens ont aménagé un lavoir et une « pissière », bassin de retenue d’eau qui permettait aux « bugadières » de pouvoir laver leur linge en période de sécheresse.
La toute première église devait être carolingienne. Il n’en reste rien. Dès la fin du XIe siècle, apparaît dans le cartulaire de Montpellier « Saint-Martin » qui est toujours aujourd’hui le nom de l’église. L’évêque Guillaume Pellicier 1er a paraît-il été enterré en 1529 dans le chœur de l’édifice. Le bâtiment actuel, en particulier sa façade, date de la moitié du XIXe siècle. Au sommet, un clocher-mur comporte une cloche en bronze et l’autre en fer. Construit avec des matériaux de mauvaise qualité, il s’est tout de suite montré inutilisable, s’attirant les railleries des habitants de Saint-Mathieu (village du haut). Durant l’entre-deux guerres, un commerçant de Tréviers (village du bas) a offert une cloche et tous les habitants se sont cotisés pour la placer dans un clocheton plus solide.
Le mas de Tréviers existait probablement au XIIIe siècle. Situé au carrefour des « trois voies », il a certainement donné son nom au village. Au tout début du XIXe siècle, le témoignage du voyageur Jean-Marie Amelin nous apprend qu’il s’agit d’une auberge réputée qui, durant plusieurs décennies, va également servir d’affenage pour diligences (endroit où l’on abritait et nourrissait les chevaux). Une glacière, permettant de proposer des boissons fraiches à la clientèle, avait été bâtie à proximité.
Au tournant du XXe siècle, la majeure partie de la population de la commune va se concentrer aux abords de la nouvelle route (actuelle D17) plus rectiligne et pratique et qui commence à attirer artisans et commerçants. Il est alors décidé d’y transférer la mairie-école qui quitte donc le village de Saint-Mathieu pour celui de Tréviers. Le bâtiment est construit neuf mètres en retrait de la route, réservant ainsi un espace qui va devenir la place publique de Tréviers et sur lequel on installe une fontaine avec statue de la Liberté. Plus tard, à l’arrière, sera aménagée une cour avec des sanitaires, ainsi qu’un nouveau bâtiment avec une salle de classe au rez-de-chaussée et une cantine à l’étage. Tout près de là, se trouve une des bâtisses les plus anciennes du village, la « forge de Cancel », qui abritera également plus tard les abattoirs. Sur le terre-plein au coin de la D17 et de la rue des Ecoles, était autrefois implanté le poids public.
Juste après le deuxième conflit mondial, et dans le but de réunir les paroissiens de Tréviers et de Saint-Mathieu dont les rapports sont un peu tendus, l’abbé Allemand a l’idée de faire construire la bien nommée chapelle « Notre-Dame de la Paix », (actuelle maison paroissiale) sur un terrain situé entre les deux villages. En 1967, c’est l’inauguration du Foyer Rural, outil culturel innovant pour l’époque qui après rénovation, deviendra plus tard le « Galion ». La fin des années soixante voit se dresser au milieu des vignes l’H.L.M. « Le Pic Saint Loup ». Pour affirmer la volonté de créer une centralité qui unirait les deux villages, une nouvelle mairie au design moderne est bâtie en 1976 sur ce secteur où fonctionne depuis quelques temps déjà la flambant neuve piscine municipale qui accueillera ses derniers baigneurs en 2014 suite à la mise en service de la piscine intercommunale des Champs Noirs.
Le nombre d’élèves augmentant, il est décidé à l’orée des années soixante-dix de créer un nouveau groupe scolaire pour accueillir ces derniers dans des locaux modernes et fonctionnels. Le choix de l’emplacement va se porter sur le « nouveau centre », quartier en pleine évolution. L’ensemble comprenant deux classes, une salle de « rassemblement » et une cantine ouvre ses portes en 1974. Il prend le nom d’école « Agnès Gelly » en hommage à l’emblématique institutrice communale du milieu du XXe siècle. Malgré des agrandissements au cours des années qui suivent, le groupe scolaire ne parvient pas à absorber la croissance continue des effectifs et une deuxième école, l’école maternelle « Les Fontanilles » est bâtie juste en face en 1982.
La construction du château de Montferrand est initiée à la fin du XIe siècle.
Il comporte au départ un ensemble fortifié au sommet de la colline et deux logis situés juste au-dessous. Le début du XIII e siècle voit se créer l’enceinte castrale et villageoise au sein de laquelle évolue le châtelain, des officiers et gestionnaires, des notaires, leurs familles, ainsi que les paysans qui dépendent du château. Le complexe se dote de nouveaux bâtiments, caves, murs avec créneaux, et on entreprend la militarisation du site.
En 1575, les protestants prennent Montferrand qui est repris la même année par les catholiques. Au début du XVIIe siècle, dans ce contexte de guerres de Religion, une fortification « en étoile » est édifiée par endroits, avec destruction de bâtis existants, mais elle ne sera jamais terminée.
Le dernier châtelain, Jacques de Valat, décède en 1659, date à partir de laquelle le château tombe en désuétude. L’évêque-comte Colbert de Croissy reçoit l’autorisation du roi de France de démanteler Montferrand, ce qui est fait en 1704. Ses destructeurs se contentent finalement de le rendre inutilisable en démolissant les parties supérieures habitables des bâtiments, ce qui explique que l’ensemble des caves du château, ainsi que les remparts, soient encore conservés et en place aujourd’hui.
Le château de Montferrand a été classé au titre des Monuments Historiques en 2024.
La nouvelle école de Saint-Mathieu (village du haut) est inaugurée en 1884. Elle comprend une section garçons et une section filles, ainsi que la salle de Mairie. Vers le milieu des années 1970, toute l’activité scolaire étant regroupée à Tréviers (village du bas), le bâtiment est acquis par le département du Val-de-Marne qui y installe un foyer d’enfants.
Edifiée sur l’emplacement d’une ancienne chapelle médiévale, l’église Saint-Raphaël date, dans sa forme actuelle, du XIXe siècle. Durant des décennies, elle a fait l’objet d’un pèlerinage qui se déroulait chaque 24 octobre. La place qu’elle domine a été créée à la fin du XIXe siècle pour permettre entre autres aux marchands ambulants d’y installer leurs étals. Pour ce faire, il a été décidé d’abattre deux habitations. Dans le même temps, deux cuves de 35 m3 chacune ont été aménagées dans le sous-sol. L’eau, puisée en contrebas du village, y était stockée puis distribuée dans les rues adjacentes.
Jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle, la commune ne possède qu’un seul cimetière situé à côté de l’église paroissiale Saint-Martin dans le village de Tréviers. Les habitants de Saint-Mathieu doivent donc effectuer un trajet de deux kilomètres pour aller y enterrer leurs morts. Les cercueils des défunts sont transportés à dos d’hommes sur un petit chemin en pente qui va alors être appelé le « chemin des morts ». Au cours des années 1870, Saint-Mathieu voit enfin son propre cimetière être créé.
Bientôt intégré au parcours :
Le « château » du Lébous
Situé sur la crête qui s’étire dans le prolongement du village de Saint-Mathieu, le site du Lébous, fouillé à partir de 1956, est daté du Chalcolithique (âge du cuivre). On lui a donné à l’époque de sa découverte le nom de « château » car, sur plan, il ressemble étrangement à une forteresse moyenâgeuse, mais qui aurait été construite 3000 ans avant le château de Montferrand qui le domine.
L’enceinte de pierres a la forme d’un trapèze irrégulier long d’environ 50 mètres sur deux côtés et 75 m sur les deux autres. Elle comportait 10 « tours » placées à peu près tous les 25 mètres. A l’intérieur, les maisons, mesurant 6 à 13 mètres de long sur 3 de large, étaient couvertes de lauzes. Si pendant un certain temps on a prêté aux « remparts » du Lébous une vocation défensive dans une période troublée, ce qui était peut-être le cas en partie, des études ont ensuite montré qu’il s’agissait avant tout d’un village dans lequel hommes et animaux d’élevage cohabitaient à l’abri des éléments. Outre des restes humains, on a mis au jour sur les lieux nombre de bijoux, poteries et autres outils.
Le Lébous a vraisemblablement cédé face à l’avancée de peuples du bronze ancien qui déferlaient vers le Sud le long de la vallée du Rhône. Ces derniers ont utilisé les « tours » pour y enterrer leurs morts. L’une d’elle contenait les restes d’un guerrier avec son poignard et son épingle en bronze. Sur l’emprise du site, a été construite bien plus tard une enceinte tardo-romaine avec réutilisation des matériaux de l’époque chalcolithique. Le site du Lébous a été classé aux Monuments Historiques en 1965.